Motos et scooters : 40% d’embouteillages en moins
L'utilisation des motos et des scooters constitue une solution pour fluidifier la circulation aux heures de pointe. Une étude scientifique menée par Transport & Mobility Leuven l'a en effet démontré. 7 Belges sur 10 sont conscients des avantages des deux-roues motorisés (selon une étude d'Autoscout24.be et du bureau d'études Multiscope), mais ils ne franchissent pas (encore) le pas vers la moto ou le scooter. Pourtant, une diminution de 10% du nombre de voitures dans les files engendrerait une réduction de 40% de la longueur des embouteillages et des heures perdues dans ces bouchons.
Jeudi dernier, le 15 mai, fut à nouveau une journée particulièrement difficile pour les usagers de la route sur le Ring de Bruxelles, fermé par les services de secours en raison d'un accident impliquant un camion à Woluwe-St-Etienne. Durant une bonne partie de la journée, le Ring et les voies environnantes ont été confrontés à de très sérieux embarras de circulation. De nombreux automobilistes ont ainsi dû se résigner à patienter dans les files. La semaine dernière, et cette semaine encore, d'autres accidents à Bruxelles, Gand et Louvain ont provoqué de sérieux embouteillages. À cela il faut ajouter les files ‘structurelles’ aux heures de pointe sur les axes menant aux grandes villes (Bruxelles, Anvers, Liège), et qui concernent jusqu'à 137 000 véhicules chaque jour aux points noirs. En outre, les travaux actuels (et annoncés) sur nos routes ne font qu’accroître l'ampleur des embouteillages et des ralentissements.
Les seuls usagers qui parviennent à rejoindre encore assez facilement leur destination malgré les embouteillages sont les utilisateurs de motos et de scooters. Une partie d'entre eux sont des navetteurs convaincus des bienfaits des deux-roues. Un juge de la Cour de Cassation a ainsi l'habitude de venir à Bruxelles en moto. Celle-ci ne reste au garage qu'en cas de neige ou de verglas. La moto est selon lui le seul moyen de transport avec lequel il a la certitude d'arriver à l'heure à Bruxelles sans devoir partir extrêmement tôt. « En voiture, on ne sait jamais à quelle heure on va arriver. Parfois, ça roule bien. Mais on peut tout aussi bien perdre deux heures. »
Un autre motard navetteur explique: « Je commençais à en avoir assez de ces embouteillages pour rejoindre Bruxelles. J'ai calculé qu'en me rendant au travail en moto, je parvenais à gagner une heure par jour, que je peux consacrer à quelque chose d'utile. »
Remonter les files
Le grand avantage de la moto et du scooter réside dans leur maniabilité et leur largeur réduite, ce qui permet de 'remonter' facilement les files entre deux rangées de voitures. Le législateur autorise cette pratique, mais à certaines conditions : remonter les files est autorisé lorsque la circulation des voitures se fait à moins de 50 km/h et que la différence de vitesse entre le deux-roues et les voitures n'excède pas 20 km/h. Les automobilistes et les motards doivent évidemment tenir compte les uns des autres dans les files et anticiper les manœuvres de chacun.
Dans les embouteillages, les utilisateurs de motos et de scooters peuvent aussi emprunter les bandes réservées aux autobus. Cependant, Stijn Vancuyck, conseiller deux-roues motorisés auprès de la FEBIAC (la fédération belge de l'industrie automobile et du cycle) précise que cette règle n'est pas encore appliquée en pratique. « Les gestionnaires locaux des réseaux doivent pour cela adapter les voies de circulation en ajoutant un panneau additionnel », explique Stijn Vancuyck. « Et il faut aussi s'assurer pour chaque site que la sécurité n'est pas mise en péril par la présence de motos ou de scooters sur les bandes des bus. »
Au niveau du nombre de kilomètres effectués par les navetteurs, la moto ne représente que quelques pour cent, pour 81% aux voitures. C'est ce qui ressort des chiffres du Bureau fédéral du Plan et du SPF Mobilité et Transports. Pendant les heures de pointe, le taux d'occupation des voitures est en moyenne de 1,15 personne. En d'autres termes, de très nombreux automobilistes sont donc seuls dans leur véhicule. Ils pourraient donc tout aussi bien utiliser une moto ou un scooter. L'étude menée par Transport & Mobility Leuven a montré que si 10% des navetteurs empruntant les grands axes échangeaient leur voiture contre une moto ou un scooter, les files seraient réduites de 40% et se résorberaient aussi plus rapidement.
Cette étude date déjà de septembre 2011. Elle a même été reprise dans la presse spécialisée anglaise. Mais dans la pratique, les files structurelles subsistent et ont plutôt tendance à augmenter. 7 Belges sur 10 sont conscients des avantages des deux-roues motorisés (selon une étude d'Autoscout24.be et du bureau d'études Multiscope), mais ils ne franchissent pas (encore) le pas vers la moto ou le scooter.
Avantage financier
Une partie des automobilistes possède également une moto. Mais elle est principalement utilisée alors comme objet de loisir, et pas pour les déplacements entre domicile et lieu de travail. Se rendre au travail en moto ou en scooter permet non seulement de disposer de plus de temps libre en semaine, mais présente aussi un avantage financier. Les frais d'utilisation d'une moto ou d'un scooter (taxe de circulation, carburant, entretiens, équipements personnels) sont en effet déductibles fiscalement à 100% (voir aussi www.moto.be/fr/fiscalite).
Dans le cadre des solutions de mobilité, certaines sociétés de leasing proposent aussi un contrat 6 ou 7 roues avec dans le même contrat une voiture et une moto ou un scooter à trois roues. L'utilisateur d'une voiture de société sera souvent réticent à utiliser sa moto privée pour se rendre au travail. Avec un contrat 6 ou 7 roues de ce type, le problème – financier – est réglé. L'utilisateur peut alors choisir : la voiture s'il doit transporter beaucoup de bagages ou si les conditions météo sont très mauvaises, et la moto ou le scooter lorsqu'il voyage léger et que le temps est clément. La météo peut décourager certains d'utiliser la moto ou le scooter au quotidien. Pourtant, les équipements moto ont tellement évolué qu'il n'y a plus de risque d'arriver à destination avec une chemise humide. Et en cas de pluie, les files sont plus nombreuses et plus longues.
En Belgique comme ailleurs, des initiatives existent pour inciter les motards à utiliser leur deux-roues pour se rendre au travail. Dans différents pays, le Ride to Work-day est organisé le troisième lundi de juin (notamment en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis). En outre, ce jeudi 22 juin a été désigné par les magazines Motos & Loisirs et Motoren & Toerisme ‘journée sans embouteillage’. Les deux magazines appellent tous les motards à se rendre aujourd'hui au travail à moto.
Plus d'infos:
http://www.moto.be/fr/fiscalite