Général

Évaluation du nouveau permis moto

La nouvelle réglementation relative au permis moto est entrée en vigueur en mai 2013 et a instauré un système progressif lié à l'âge. Pour FEBIAC (la Fédération Belge de l'Automobile et du Cycle) et la FMB/BMB (la Fédération Motocycliste de Belgique), ce nouveau système par tranches d'âge présente plus d'inconvénients que d'avantages.

Tous les jeunes de 18 ans peuvent, dès le moment où ils décrochent leur permis auto, conduire n'importe quelle voiture sur la voie publique, de l'antique Citroën 2CV à la puissante Ferrari (en supposant qu'ils disposent du budget pour le faire). Il n'existe aucune restriction. Depuis mai 2013, un jeune de 18 ans qui débute sur une moto doit par contre patienter quatre ans avant d'être autorisé à conduire tous les modèles de deux-roues. La réglementation qui est entrée en vigueur à cette date prescrit en effet un accès progressif au permis pour les jeunes de moins de 24 ans: deux ans d'abord sur une moto de 125 cc avec puissance maximale de 11 kW/15 ch, suivis de deux ans sur une moto d'une puissance maximale de 35 kW/47 ch; passé ce délai, il n'existe plus de restriction de cylindrée ni de puissance. "La nouvelle réglementation relative au permis moto, entrée en vigueur l'an dernier, est la transposition directe d'une directive européenne," explique Stijn Vancuyck, conseiller deux-roues motorisés chez FEBIAC. "Nous sommes favorables au principe d'un permis progressif". Mais FEBIAC soulève plusieurs objections quant à la façon dont la directive est appliquée.

14 ans

Les États membres ont pu fixer librement les limites d'âges. La Belgique a choisi d'appliquer la norme la plus stricte de la directive. FEBIAC préfèrerait que le permis AM (cyclomoteurs de 50 cc) soit accessible dès 14 ans, comme c'est le cas en France. La Fédération voudrait rendre le permis A1 (125 cc) accessible dès 16 ans pour permettre aux jeunes de passer le permis A2 à 18 ans. Vancuyck: "Les jeunes acquièrent ainsi de l'expérience plus tôt. À cet âge, ils sont encore ouverts à un accompagnement progressif pour le passage à une puissance supérieure. À 16 ans, ils pourraient passer à l'étape suivante et conduire déjà une 125 cc. Ce qui présente l'avantage de pouvoir être en phase avec le reste du trafic sur la voie publique et de pouvoir rouler, comme tous les motocyclistes, aux 2/3 de la voie de circulation."  Il note néanmoins qu'une telle proposition a peu de chance d'aboutir au niveau politique, les autorités craignant une augmentation du nombre d'accidents. Pourtant, le système 'français' permettrait d'améliorer la sécurité sur nos routes. Car, comme le souligne Vancuyck, "le risque d'accident est plus élevé quand les jeunes ne roulent qu'à 45 km/h avec leur 50 cc et se font constamment dépasser par les voitures et les camions."

Jeunes adeptes

On constate par ailleurs un vieillissement de la population des motocyclistes (moyenne d'âge supérieure à quarante ans) et une faible progression des jeunes adeptes. Vancuyck: "Avant la modification du permis, 90% des candidats motocyclistes avaient déjà plus de 24 ans. Avec l'obligation de suivre des cours et de passer un examen à chaque étape, l'ensemble du parcours coûte cher et la majorité des candidats attendront sans doute d'avoir 24 ans. Les plus patients attendront deux ans de plus pour obtenir directement le permis A2. Ce qui enlève toute substance au principe de la formation progressive."
La réglementation n'est pas non plus sans effets au niveau de certaines pratiques sportives. Le permis, qui n'est pas requis pour les sports moteurs sur terrains privés, le devient dès le moment où on circule sur la voie publique. C'est le cas de l'enduro et du trial. "L'accès des jeunes à ces sports devient donc plus difficile," regrette Stijn Rentmeesters, secrétaire général de la Fédération Motocycliste de Belgique FMB/BMB, "car ils doivent être en possession du permis adéquat, surtout pour l'enduro. C'est un peu plus facile pour le trial parce que 90% des compétitions inscrites au calendrier se déroulent sur terrains privés. Et s'il s'y trouve par hasard un petit tronçon du réseau public, quelqu'un transfère la moto d'un point à l'autre si nécessaire."

Positif

La règlementation actuelle a aussi ses aspects positifs. Le permis de conduire provisoire est supprimé pour le scooter ou le cyclomoteur de classe B. Actuellement, une formation obligatoire de quatre heures doit être suivie par tous, avec une expérience pratique sur la voie publique, et seuls ceux qui réussissent l'examen obtiennent le permis AM. Les connaissances de base sont meilleures – et donc la sécurité aussi – et les jeunes ne prennent plus la route avec, pour seul bagage, une connaissance théorique juste suffisante pour réussir l'examen.
Pour les permis A, les écoles de conduite ne sont plus tenues de délivrer une attestation pour le permis provisoire après six heures de cours. C'est aussi une bonne chose, estime Stijn Vancuyck. "Pour obtenir le permis provisoire, il fait désormais réussir l'examen de manœuvres d'abord. Nous sommes ainsi certains que le niveau de base est suffisant pour pouvoir circuler en sécurité sur la voie publique dans l'attente du permis définitif."
Beaucoup pensent que l'apprentissage est devenu plus difficile et plus cher, une idée que Vancuyck réfute également. "Les manœuvres de l'examen pratique ne sont pas plus difficiles qu'avant, mais elles sont mieux adaptées à la pratique quotidienne de la moto," poursuit Vancuyck. "L'examen moto n'est pas facile à réussir, c'est vrai. Mais il constitue un bon indicateur pour tester les aptitudes de conduite des candidats et est, à ce titre, incontournable." Il faut maintenant suivre une formation complète de 12 heures de cours dans une moto-école pour être autorisé à présenter directement (sans période d'essai avec permis provisoire) les examens pratiques. Avant, il était déjà possible de se présenter dans un centre d'examen après 8 heures de cours seulement alors qu'en pratique, un candidat moyen a facilement besoin de 10 heures d'apprentissage pour réussir les tests. Le nombre d'heures d'apprentissage n'a donc que peu évolué depuis la nouvelle réglementation. La réglementation a aussi eu pour effet de diversifier l'offre sur le marché de la moto en Europe et de proposer des véhicules à prix relativement accessibles pour une cylindrée de 300 à 500 cc, dont la puissance est conforme aux exigences du permis A2. Cela signifie un abaissement du seuil financier à partir duquel il est possible de rouler en moto. En pratique, il ressort qu'une puissance de 35 kW suffit largement pour intégrer facilement le trafic en ville et sur autoroute, y compris pour les motocyclistes de plus de 24 ans.

(Plus d'informations sur la nouvelle règlementation relative au permis sur www.lepermismoto.be)
 

Remarque: le permis B permet toujours de conduire une moto de 125 cc maximum. Deux conditions s'appliquent toutefois: détenir le permis B depuis deux ans au moins et suivre une formation pratique de quatre heures. Les conducteurs ayant obtenu le permis B avant le 1er mai 2011 sont dispensés de cette formation.

Service de presse FMB/Febiac

Voir Aussi
Fermer

Partenaires

Bouton retour en haut de la page